Chrystelle, vous ne pouvez pas passer à côté. Ses 24 ans de bistrologie comme elle aime le raconter, sa passion, ses origines…
Avant ça n’avait rien à voir je travaillais à la sécurité sociale minière et avant dans un cabinet comptable. Au niveau de l’ASSM, de moins en moins de mineurs, on était sous contrat renouvelé, changement de direction et on nous a dit merci.
Des petits boulots entre deux, mon papa était mineur donc le travail on connaît.
J’ai toujours été sur Bruay, rue de la République même si ça ne m’appartenait pas. Quand ça a fermé je me suis retrouvée au chômage mais le travail me plaisait et je ne peux pas rester à ne rien faire, quand j’ai vu qu’ici c’était libre je me suis dit que c’était le moment.
Ce qui était bien ici c’est qu’on n’a pas de voisins, un parking juste devant, j’étais plus jeune donc quand le week end on fêtait les anniversaires on pouvait pousser un peu le son de la musique, on ne pouvait pas faire ça dans l’ancien, on avait eu des problèmes à cause de ça d’ailleurs.
Une mémoire Bruaysienne, nostalgique, mais heureuse.
Je passais ici devant le café quand j’étais lycéenne, l’un des premiers patrons est revenu me voir, je voyais toujours plein de monde. Devant il y avait une boucherie, l’ANPE, le trésor public, puis plein de magasins, ce n’était que des cellules commerciales. Les gens disaient on descend au cercle, au centre-ville. J’ai passé ma jeunesse sur cette place.
Il y avait une salle de jeux, avec des flippers, les premiers jeux vidéo, mes mercredi après-midi et samedi c’était ici.
Le cinéma j’adorais. Avec l’école, on partait juste avant les vacances de Noël, avec le gros paquet de bonbons, à chaque fois j’y pense. Pas chez vous, il n’existait pas, c’était l’autre !
Ça fait 14 ans que je suis ici, j’ai ouvert le 31 Octobre 2007, j’habite juste à côté.
Chrystelle et ses clients, une vraie histoire, un vrai quotidien.
C’est un bar d’habitués, l’été avec encore plus de passage, y compris des gens qui vont au cinéma juste avant ou qui viennent ici après, en terrasse ils aiment bien.
Chrystelle salue un client qui quitte son bar : « A demain François, demande bien à Amélie si tu peux avoir la facture. »
Même d’autres personnes, beaucoup de gens extérieurs. Des gens qui viennent chez vous et qui viennent prendre un verre chez moi, ce sont beaucoup d’extérieurs, pas beaucoup de Bruay.
Le métier me plaît toujours mais le souci c’est que malheureusement les gens ici manquent d’argent, les poches sont vides, les fins de mois rapprochées, avant on disait que le 25 c’était la fin du mois, maintenant le 15 on y est déjà.
Ici j’ai connu beaucoup de retraités quand j’ai repris en 2007, donc quand on m’a parlé de la crise en 2010 je ne l’ai pas senti car j’avais des retraités qui avaient de bonnes pensions. Les chiffres étaient plus que bons à l’époque, par la suite ces gens ont disparu malheureusement, l’âge.
J’ai perdu 70 clients en 14 ans. Même l’année dernière, avec la fermeture, j’en ai perdu 3, c’étaient des habitués. Certains depuis 13 ans. Une de vos voisines aussi, qui habitait au-dessus des ASVP, elle est partie du jour au lendemain, ça a été un gros choc.
Et un jour Chrystelle a rencontré ses voisins du cinéma !
Alors là ! Nous y voilà ! Je suis contente parce que ça fait 14 ans que je suis là et j’ai découvert mes voisins ! (rires)
On s’est connu en 2021, et je suis arrivée en 2007, vaut mieux tard que jamais ! (rires)
Je ne connaissais pas les gens, il n’y avait pas ce partenariat, on était juste voisin à mon grand regret. Mon mari est déjà venu plusieurs fois, mais il n’est pas comme moi qui aurai dit « Salut je suis la voisine du Rétro » ! C’était dommage, on me parlait du cinéma, mais je n’avais rien à dire là-dessus je ne savais même pas si vous me connaissiez !
Et puis un jour, pour la soirée « Des vies au fond », Hervé Beudaert, Alex et Céline qui sont venus me voir. Au départ, juste Alex et Céline, qui m’ont présenté le projet, le partenariat. J’ai trouvé ça chouette, on a fait une réunion avec Hervé que je connais depuis le lycée, on a beaucoup ri, ils m’ont expliqué comme ça allait se passer, très intéressant.
J’ai passé une super soirée, ça me tenait à cœur car c’était sur la mine. Quelque chose va vous paraître anodin, mais par exemple j’ai une vieille lampe de mineur et les taillettes de mon père. Le fait que vous les ayez prises en photos ça m’a touché, c’était fort. Rendre hommage à mon père et à tous les mineurs.
Comme j’ai dit à Alex si c’est à refaire je le refais volontiers. On avait beau être au travail c’était hyper plaisant.
J’étais contente aussi car l’équipe est venue me voir aussi le lendemain, ils étaient contents de cette soirée, ils avaient eu de bons retours, ça met du baume au cœur.
Pour la photo Chrystelle souhaite se mettre devant la citation qui lui tient à cœur. Tout au long de notre échange sa joie de vivre et ses souvenirs étaient retentissants.